Outils – Guide Assuétudes

La relation de confiance est centrale pour permettre des échanges en toute sécurité.

L’usage de produits psychotropes, à la frontière entre le légal et l’illégal, ne laisse personne indemne, elle questionne nos valeurs et qui nous sommes. Dans cette relation de confiance, le respect des valeurs de chacune des personnes concernées par la consommation doit être mis en œuvre.

En cas d’angoisse ou de mal de vivre, d’isolement, de choc émotionnel, nous nous lions avec quelque chose qui nous procure du bien-être : une activité ou un produit. L’usage du produit psychotrope maintient l’illusion d’interactions interpersonnelles saines et sereines.

Pour décoder ce qui est à l’œuvre dans la motivation à consommer, il est important d’envisager l’intention positive qui peut être – ou avoir été – présente dans la prise de produit. Cette consommation est une tentative de solution à un problème particulier. En tenir compte permet d’éviter des comportements ou des rechutes lorsque ce problème semble revenir.

Le non jugement et l’accueil mutuel participent à la création d’une relation de confiance qui permet à chacun d’exprimer ses intentions pour la prise en charge, les comportements et la consommation.

ABSTINENCE

Préambule

Un cadre non jugeant et bienveillant permet plus facilement de poser les difficultés concernant les tentations et les rechutes. L’abstinence n’est pas une ciné-cure. Les erreurs sont possibles.

Pistes de réflexion

Quels sont les risques d’un sevrage brutal et non suivi, notamment avec l’alcool ?
Quelles tentatives l’usager a-t-il déjà effectuées ?
Quels sont les centres et structures existants ? Où trouver l’aide appropriée ?
L’usager souhaite-t-il une prise en charge résidentielle ? Ambulatoire ?
Quels sont ses contextes de vie, ses ressources ?
La rechute représente un échec pour qui ?

Pistes d’intervention

Orienter, accompagner, un suivi régulier est une ressource précieuse !
Permettre à l’usager une réinsertion progressive en jouant un rôle « charnière ».
L’informer sur les risques d’overdose mortelle en cas de consommation massive après une période d’abstinence.
En cas de rechute : apprendre de cette expérience sans se focaliser sur l’échec, ni accentuer la culpabilité.

Outils précieux

www.ida-fr.be
www.colux-assuetudes.be
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L’arrêt de la consommation de substance représente un grand changement dans la vie d’une personne dépendante. Cette rupture avec le produit peut nécessiter un accompagnement au long cours, le temps de consolider l’arrêt et de retrouver un équilibre ainsi que certains repères qui ont pu manquer durant les années de consommation.

De même, l’usager fait partie d’un tissu familial, social et professionnel dans lesquels il va se réinsérer, ce qui ne se fait pas du jour au lendemain. Cette réinsertion doit être préparée et accompagnée.

Pour tenir un rôle d’accompagnant, l’importance de travailler en équipe est un outil-levier supplémentaire. Il conviendra d’orienter au mieux l’usager dans sa demande, en assurant notamment la réalisation d’un bilan médical. Une relation de confiance instaurée est une ressource précieuse favorisant des interventions spécialisées et une prise en charge par le médecin généraliste.

L’intervenant social de proximité sera amené à travailler les contextes avec l’usager, afin de rétablir les ressources nécessaires à son bien-être : relations familiales, projet de vie, logement, activités, etc… Le maintien du lien reste important, afin d’assurer une réinsertion progressive dans un milieu de vie favorable et d’éviter une rupture dans la prise en charge.

L’intervenant social soutenant joue un rôle charnière, assurant la continuité des soins, renforçant la prévention de la rechute ainsi que les attitudes positives et surtout l’estime de soi.

Une rechute, souvent vécue comme un échec, fait partie intégrante du processus de soin, pour peu qu’elle soit perçue comme une source d’informations, une étape supplémentaire…

DIMINUTION

Préambule

Un sportif a besoin d’entraînement pour réaliser une performance. Un usager doit réaliser une performance, celle-ci peut prendre du temps. La diminution peut être une étape. Il est parfois plus sécurisant de tenter de recontrôler son comportement plutôt que de le changer. L’abstinence n’est pas la seule et unique solution !

Il s’agit d’accepter que les objectifs poursuivis par chacun puissent être différents, nous ne sommes pas forcément face à une « non-demande »…

Pistes de réflexion

En tant que soutenant, quelles sont mes peurs, mes ressentis ?
Pour l’usager : Quelles sont ses intentions positives à la consommation, les autres ressources – sources de plaisir de l’usager ?
Quelles motivations à la diminution – ses valeurs ?
Quels objectifs poursuit-il à ce moment ?

Pistes d’intervention

Accompagner de manière proximale et régulière
Réduire les risques ou limiter la casse.
Proposer un réseau soutenant afin que l’usager ait toutes les informations et les moyens de gérer son comportement.
Travailler,  maintenir et prendre soin des liens

Outils précieux

Connaissances des conséquences médico-psycho-sociale des produits
Connaissance des partenaires du réseau
Approche systémique, globale et intégrée
Formations ODAS – NADJA – InforSubstances – Solaix

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Une relation de confiance s’est instaurée avec l’usager et afin de la maintenir il est important d’entendre SA demande : diminuer sa consommation  n’est pas la stopper.
L’abstinence n’est plus la seule option thérapeutique… Surtout si elle n’est ni heureuse ni choisie. La qualité de vie et le mieux-être de l’usager sont des objectifs à part entière.

Le cheminement est long et semé d’embuches tant pour l’usager que pour les proches.
Par votre soutien, le renforcement des attitudes positives, la recherche de ressources supplémentaires, vous serez une aide précieuse et le maintien du lien est primordial.

Le produit peut être considéré comme une ressource parmi d’autres, une béquille qui permet d’avancer, de tenir debout. Une intention positive correspond aux choix posés par l’usager dans un contexte voire une situation donnée. L’ouverture de ce contexte, comme la recherche de nouvelles ressources, doivent rester en cohérence avec ces intentions positives, en accord avec ses valeurs ainsi que ce qui le motive fondamentalement.

Il convient de rester conscient qu’en diminuant sa consommation, l’usager, bien qu’étant conscient de l’aspect problématique, se prive d’une source de plaisir. Sa demande sous-entend donc de grandes motivations et craintes à modifier ses habitudes.

Dans ce combat, chacun usera de tactiques différentes, certaines fonctionneront, d’autres moins.

La réduction s’avère être une manière d’entrer dans le soin, et permettre de devenir maître de ses choix en renforçant son sentiment d’autonomie et d’efficacité personnelle. Chaque usager doit suivre son chemin de rétablissement.

SOUTIEN

Préambule

Le déni est un des mécanismes de défense, mis en place par l’usager, pour préserver son peu d’estime de soi. Il pourrait ne pas prendre en compte certains fragments de réalité pouvant être déstructurants. Il ne s’agit ni de mensonge, ni manipulation, l’usager se comporte comme si cette réalité n’existait simplement pas.

La relation de confiance est un préalable pour permettre de travailler ce déni.

Pistes de réflexion

A qui cette consommation pose-t-elle souci ?
Quels en sont les problèmes liés ?
Existe-t-il des ambivalences dans le discours de l’usager quant à sa consommation ?
Connaît-il des urgences personnelles, freins au changement ?

Pistes d’intervention

Créer et maintenir le lien pour un travail dans la durée tout en respectant le cheminement de l’usager. Soutenir par la remise en ordre de sa situation socio-administrative, médicale, familiale, permet de rassurer l’usager et de tisser du lien.

Utiliser les valeurs de l’usager pour faire naître ou renforcer l’ambivalence et progressivement ainsi amener à une prise conscience.

Outils précieux

Le réseau : proches, médecins, travailleurs psychosociaux, institutions…
Les concertations respectueuses et bienveillantes avec et autour de l’usager.
Le travail des polarités -> points positifs et négatifs de la consommation.
L’entretien motivationnel

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L’usager vit l’urgence de sa situation tant dis que le professionnel a des perspectives différentes. Les priorités de chacun sont bien différentes.

S’interroger sur les priorités de l’usager, l’accompagner dans sa recherche de mieux-être, que ses préoccupations soient à la santé, au logement, à la famille, aux ressources financières, à la justice, à la santé mentale, … sont des préalables à toute prise en charge.

Ces urgences peuvent être de grands freins aux exigences institutionnelles, souvent axées sur la réinsertion socio-professionnelle, nécessitant bien des démarches ou des changements de contexte que l’usager ne peut se permettre dans l’immédiat.

Proposer un bilan global individuel afin de cerner les besoins et difficultés qui nécessitent un accompagnement, informer de l’accès aux droits ou aux actions sociales existantes, rassurer par la remise en ordre socio-administrative, garantir l’accès aux soins, … sont autant de pistes qui permettront d’ouvrir le contexte, d’amplifier les ressources de l’usager en cherchant à rejoindre ses intentions positives.

Outre l’impact que ces actions auront sur le bien-être de l’usager, il découlera de cet accompagnement une relation privilégiée, de confiance nécessaire à l’apparition de toute demande personnelle.

La philosophie du SOUTIEN sera de redonner une place de choix aux priorités de l’usager pour répondre à ses urgences avec comme finalité d’assurer sa sécurité existentielle.

Réduction des risques

Préambule

« Cette dimension humaine, universelle, multiforme des comportements envers les substances impose un minimum d’humilité. Elle doit nous rendre particulièrement sceptique devant toute tentative, morale ou scientifique, d’imposer une vue unique, une explication simpliste s’appliquant à tous en tous lieux et à tout moment. Qui sommes-nous pour juger de ce quelqu’un fait de son corps et de son état de conscience ? […] n’abusez pas de votre position sociale pour prendre pouvoir sur la vie des gens ! »
(Morel et Couteron)

Pistes de réflexion

Cette situation me pose-t-elle souci ? Pourquoi ?
Quelles sont mes représentations en matière de consommation de substances?
L’usager a-t-il d’autres ressources en suffisance ?
Quelles intentions positives y a-t-il derrière cette consommation ?

Pistes d’intervention

Connaître et écouter l’expérience de l’usager qui est expert dans son domaine.

Reconnaître ses propres limites en tant qu’intervenant dans un cadre de travail expliqué, flexible et respecté.

Afin de réduire les dommages, il est nécessaire d’avoir des connaissances objectives en rapport aux produits et leurs effets.

Outils précieux

Ecoute empathique, oser poser des questions
Formations ODAS – Modus Vivendi  – Nadja – Solaix
Travail autour du rapport au corps, du bien-être, de l’estime de soi

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Consommer est un antistress, une façon de se désinhiber, un acte de transgression… Tous les usagers partagent un même point commun : une quête de plaisir ou d’apaisement !

La consommation est une façon de s’intégrer dans une culture ou un groupe différent.

Il est fondamental de préserver la communication, pour comprendre l’attitude et les motivations de l’usager.

Montrer de l’empathie et de la préoccupation face aux éventuels problèmes qui  conduiraient l’usager à consommer, plus qu’à la consommation elle-même.

L’expérience de la consommation est la rencontre entre un produit (avec ses propriétés, son inscription culturelle…), une personne qui le consomme (avec son histoire, ses attentes par rapport à ce produit, …) et un contexte (dans un espace-temps culturel, un groupe, une société avec ses lois,…). Il importe de se pencher sur l’expérience que l’usager fait du produit, la manière dont il en use plutôt que de mettre l’accent sur le produit et sa dangerosité.

Chaque expérience est particulière et répond à des motivations propres. Il s’agit bien d’histoires singulières d’usagers qui rencontrent des produits à des moments particuliers de leur vie.

Les risques de santé présents sont notamment : les overdoses, le SIDA, l’hépatite C, les infections diverses… Il faut donc proposer un dépistage chez le médecin généraliste, s’assurer de l’utilisation de matériel stérile, de préservatifs, etc. Il s’agit de préoccupations en lien direct avec la santé publique, celle de l’usager et de son entourage.

Garder à l’esprit que toute situation évolue : maintenir le lien, favoriser une relation de confiance, faire le point, accompagner de manière bienveillante peuvent être des sources  de motivation à l’origine d’un changement de comportement.